Les méditations peuvent être considérées sous plusieurs angles, et l’un d’entre eux est le degré de concentration dont on fait preuve, avec deux opposés : d’un côté une concentration totale sur un objet, à l’exclusion de tout le reste ; et de l’autre côté une attention détendue, qui permet aux activités spontanées de l’esprit (pensées, émotions, souvenirs, etc) d’entrer dans notre champs de conscience. C’est que nous appelons l'attitude mentale libre.
L’attitude mentale libre : inclusivité, acceptation et équanimité
L’attitude mentale libre recouvre la notion d’inclusivité, car lorsque nous méditons nous laissons entrer dans notre champs de conscience toutes les activités spontanées de l’esprit. Nous n’excluons rien, ne choisissons pas ce qui doit ou ne doit pas se manifester. Cette attitude ouverte “inclut” tout ce qui veut se manifester.
Ce faisant, nous faisons preuve d’acceptation de ce qui est ; en pratique, il s’agit d’un entraînement à davantage accepter ce qui fait partie de nous, un objectif dont nous cherchons à nous rapprocher. Cette acceptation est égale envers tous les types d’activités spontanées : qu’elles soient agréables ou désagréables, vives ou lentes, ces activités de l’esprit sont ce qu’elles sont et nous les traitons de la même façon, sans les juger. Le fait d’aimer ou pas une pensée ou une émotion n’est pas un critère qui détermine notre réaction : l’équanimité prime, et nous traitons toutes les activités spontanées de la même façon.
L’équanimité, pierre angulaire d’une bonne santé mentale
L’équanimité, cultivée avec la méditation Acem, a fait l’objet de beaucoup d’études scientifiques et est aujourd’hui vue par la communauté des psychologues comme un des facteurs de bien-être les plus importants.
Ainsi, une de ces études a étudié les effets d’une gestion des émotions par la répression : par exemple, le fait de “mettre de côté” un sentiment de tristesse ou de colère pour se sentir mieux1. Les chercheurs ont trouvé que cela débouchait sur des émotions moins intenses par la suite, qu’elles soient positives ou négatives. Poussé à un extrême, des émotions très peu intenses peuvent déboucher sur un sentiment de vide caractéristique de la dépression. A l’inverse, les mêmes chercheurs ont observé qu’une attitude d’acceptation augmentait le niveau d’émotions subséquent.
Une revue de la littérature scientifique2 a conclu que “la répression de pensées est désormais vue comme un facteur étiologique et/ou de maintien dans la dépression, le trouble d’anxiété généralisée, les phobies spécifiques, le syndrome du stress post-traumatique et les troubles obsessifs-compulsifs”, ce qui montre qu’une attitude manquant d’acceptance peut causer ou prolonger un mal-être sous plusieurs formes.
L’attitude mentale libre rend la méditation plus effective
Ces études sur l’équanimité ont poussé les chercheurs à s’intéresser au lien entre l’équanimité et les bienfaits de la méditation.
L’une d’entre elles datant de 20153 définit l’équanimité comme “une attitude mentale d’ouverture et d’acceptation que l’on cultive de façon volontaire” ou comme un trait de caractère qui découle de cet entraînement - une définition alignée à la vision d’Acem sur l’attitude mentale libre.
Cette revue de littérature explique que, pour atteindre un bien-être général, il est préférable d’ “apprendre à cultiver l’équanimité” plutôt que chercher à maximiser le plaisir de façon constante. Cet état d’esprit est caractérisé par le calme, la stabilité et un certain degré d’impartialité et de non-jugement. Ils concluent que, parmi les qualités développées par la méditation en pleine conscience, “l’équanimité est peut-être l’élément psychologique le plus important dans l’amélioration du bien-être”, en se basant sur des données d’ordre psychologiques, physiologiques et neurologiques.
Une autre étude4 a comparé l’activité du réseau en mode par défaut (un ensemble de zones du cerveau associées au vagabondage de l’esprit) lors de trois activités différentes :
- Un repos “normal”
- La répétition d’un son de méditation en se concentrant dessus
- La répétition d’un son de méditation avec une attitude mentale libre
La répétition du son de méditation avec une attitude mentale libre est l’activité qui a le plus activé le réseau en mode par défaut. La stimulation de ce réseau, composé de parties du cerveau dédiées à la gestion de la mémoire, des émotions et des fonctions exécutives, suggère que la méditation avec une attitude mentale libre permet de davantage traiter les souvenirs et les émotions que d’autres activités comme le simple repos ou les méditations utilisant de la concentration.
Des effets mesurables physiologiquement
Une dernière étude5 porté sur l’impact de la méditation sur la longueur des télomères. Les télomères sont critiques pour une bonne santé au niveau cellulaire, et leur taille se réduit chaque année. Le processus s’accélère lorsque nous sommes stressés. L’étude a comparé la taille des télomères chez des non-méditants et des méditants, pour conclure que “l’absence d’évitement des émotions et pensées négatives fait partie intégrante de la connexion entre la méditation et les télomères”. En d’autres termes, une attitude mentale libre et inclusive est l’aspect de la méditation qui permet la préservation des télomères.
A travers ces études, nous avons vu que l’équanimité et l’attitude mentale libre sont les éléments les plus puissants dans la pratique méditative, qui semblent déterminer le degré des bienfaits qui en découlent. La méditation Acem a fait de ce principe son fil directeur, ce qui explique ses bienfaits physiques et psychologiques.
Retrouvez les autres articles de cette série sur la méditation Acem :
- Qu’est-ce que la méditation non-directive ?
- Attitude mentale libre et santé mentale
- Pourquoi méditer sur un son
(1) Dunn BD, Billotti D, Murphy V, Dalgleish T, 2009, The consequences of effortful emotion regulation when processing distressing material: A comparison of suppression and acceptance, Behavioural Research and Therapy
(2) Purdon C, 1999, Thought suppression and psychopathology, Behavioural Research and Therapy
(3) Desbordes et al., 2014, Moving beyond Mindfulness: Defining Equanimity as an Outcome Measure in Meditation and Contemplative Research, Mindfulness
(4) Xu J, Vik A, Groote IR, Lagopoulos J, Holen A, Ellingsen Ø, Håberg AK and Davanger S, 2014, Nondirective meditation activates default mode network and areas associated with memory retrieval and emotional processing, Frontiers in Human Neurosciences
(5) Alda, M., M. Puebla-Guedea, B. Rodero, M. Demarzo, J. Montero-Marin, M. Roca and J. Garcia-Campayo, 2016, Zen meditation, Length of Telomeres, and the Role of Experiential Avoidance and Compassion, Mindfulness