Le cerveau pendant la méditation - La méditation non-directive favorise le traitement émotionnel

La méditation non-directive est une méditation qui se pratique avec une attention détendue ou diffuse qui permet aux pensées, images, sensations, souvenirs et émotions spontanés de faire surface et de disparaître librement, sans lutter contre ce phénomène. La méditation Acem est une méditation non-directive car elle repose sur la répétition d’un son de méditation sans efforts, en laissant aller et venir les activités spontanées de l’esprit. Cela s’oppose aux méditations concentratives, qui réduisent le vagabondage de l’esprit.

Une étude marquante1 a montré le lien entre la méditation et l’activité du réseau en mode par défaut. Pour cela, des chercheurs ont examiné les effets de la méditation sur le réseau en mode par défaut, en demandant à des méditants de pratiquer les trois activités suivantes alors qu’une machine fMRI scannait leur activité cérébrale :

  • Répéter un son de méditation en laissant les pensées spontanées aller et venir (méditation non-directive) ;
  • Répéter un son de méditation en se concentrant pour éviter les pensées spontanées (méditation concentrative).
  • Se relaxer et attendre ;

La méditation stimule le vagabondage de l’esprit

Ils ont observé que la répétition d’un son de méditation, de façon non-directive ou concentrée, augmentait l’activité du réseau en mode par défaut par rapport à la simple relaxation. Ainsi, contrairement à une idée répandue, la méditation augmente le vagabondage de l’esprit, il n’est pas question “faire le vide”.

Le second enseignement de cette étude est que la méditation non-directive active davantage le réseau en mode par défaut que la méditation concentrative, comme le montrent ces scans :

L’image montre une activation supérieure du réseau en mode par défaut pendant la méditation non-directive (à droite) que pendant la méditation concentrative (à gauche). Les parties en jaune montrent ce qui est actif pendant ces méditation mais inactif pendant le repos ordinaire. Photo : NTNU

 

La différence d’activité entre les méditations était la plus forte dans les régions du cerveau associées à la mémoire épisodique et émotionnelle, dont des parties du cortex associées au vagabondage de l’esprit. Cela inclut l’hippocampe, responsable de la mémoire épisodique, et l’amygdale, importante pour la mémoire émotionnelle liée au stress.

La méditation favorise le traitement des évènements stressants

Les études suggèrent que l’activation simultanée de ces trois zones stimule le traitement de la mémoire émotionnelle liée au stress. Etant donné que la méditation non-directive les active davantage que le repos ou d’autres types de méditation, cette pratique stimule davantage le traitement des émotions et de la mémoire liée à notre histoire personnelle.

Svend Davanger, Professeur associé à l’Université d’Oslo et instructeur de méditation Acem, explique plus en détails le rôle du cortex préfrontal, une partie du réseau en mode par défaut associée aux traits de personnalité : ”Les types de comportement sont basés sur des modèles fonctionnels dans le cortex préfrontal. La recherche a montré qu'il s'agit d'une des zones du cerveau qui est généralement activée pendant la méditation (...) le cortex préfrontal ne détermine pas directement ce que nous faisons, mais recueille l'information, la traite, l'assemble et l'analyse afin de faciliter la prise de décision.

Il apparaît que l’activation du réseau en mode pendant la méditation crée une carte du monde et une image de soi dans le monde plus adaptée, qui nous aide à prendre de meilleures décisions.

Retrouvez l’ensemble de cette série d’articles sur le fonctionnement et les bienfaits de la méditation :

(1) Xu J, Vik A, Groote IR, Lagopoulos J, Holen A, Ellingsen Ø, Håberg AK and Davanger S, 2014, Nondirective meditation activates default mode network and areas associated with memory retrieval and emotional processing, Frontiers in Human Neurosciences