Le neurologue Marcus Raichle, professeur à la Washington University School of Medicine in St Louis; est l’une des trois personnes à avoir découvert le réseau en mode par défaut. Ce réseau est composé de plusieurs parties du cortex qui sont actives lorsqu’aucune tâche particulière ne demande notre attention.
Marcus Raichle explique comment cette découverte s’est faite : “Nous avons découvert le réseau de mode par défaut lorsque nous avons demandé aux participants à une étude d'effectuer des tâches si exigeantes qu'ils devaient être absorbés par cette activité.
Il est bien connu que lorsque nous sommes impliqués dans de telles tâches, nous utilisons le réseau d'attention du cortex. Nous avons remarqué que l'activité dans certaines zones du cortex a été réduite lors de l'implication dans des tâches exigeantes. Nous avons été vraiment surpris qu'après la fin des tâches exigeantes, l'activité dans ces zones du cortex ait de nouveau augmenté. Le cerveau semblait revenir à un niveau d'activité par défaut qui est là en l'absence d'une tâche spécifique, continue et externe. Nous avons donc décidé d'y regarder de plus près. Nous le comprenons maintenant comme un réseau spécial dans le cerveau qui, paradoxalement, est plus actif lorsque nous ne sommes pas impliqués dans une tâche orientée vers un but. Nous avons tendance à penser que lorsque nous ne sommes pas occupés avec de telles activités, notre cerveau est "libre", ou plus passif, et nous pensons automatiquement que nous utilisons le cerveau principalement pour résoudre des tâches difficiles, ou pour contrôler des activités orientées vers un but”, alors que le cerveau est en réalité aussi actif que l’on soit en train de réfléchir ou de se détendre.
Un réseau à dédié à notre image de soi et du monde
Le réseau en mode par défaut est associé à la perception que l’on a de soi-même et à notre mémoire (notamment la mémoire épisodique et autobiographique). La question qui se pose est la suivante : pourquoi le cerveau alloue-t-il tant de ressources à ces fonctions ?
M. Raichle explique que “on ne retourne pas dans nos souvenirs par plaisir. Cela nous offre un moyen de prévoir le futur. Nos souvenirs quotidiens jouent un rôle en nous aidant à nous créer un modèle du monde dans lequel nous vivons, et à prévoir le futur”. Cela permet d’estimer ce qui est important, ce qui ne l’est pas, et quelle est la valeur de ce qui est important. En d’autres terme, ce réseau neuronal fitre les stimuli venant de notre environnement et en dérive une réponse émotionnelle, qui nous pousse à agir de façon appropriée selon notre environnement.
Le réseau en mode par défaut a un métabolisme particulier dans le cerveau, car les neurones et synapses s’y remodèlent plus rapidement que dans les autres zones. Autrement dit, cette région du cerveau est plus plastique que les autres, elle peut changer plus rapidement ; cela rend aussi les cellules nerveuses plus vulnérables. Le réseau en mode par défaut a ainsi été associé à des maladies neurodégénératives comme Alzheimer.
Malgré cette vulnérabilité, le réseau en mode par défaut est très important. Continuer de l’étudier aidera à trouver de meilleures façons de gérer ou guérir certains troubles comme la dépression et la démence. De plus, une meilleure compréhension de ces zones du cerveau aidera à comprendre comment les pensées relatives à soi-même influencent notre fonctionnement dans la vie de tous les jours.
Retrouvez l’ensemble de cette série d’articles sur le fonctionnement et les bienfaits de la méditation :